Nicolas Géraudie
Enseignant et co-coordonnateur TGÉ, membre de la commission des études

Avertissement : ceci constitue un résumé ni objectif, ni dépourvu de tendances éditoriales, qui n’engagent que son auteur.

Calendrier … ou pas :

La rencontre commence par un plaisir infiniment délectable et non moins rare de voir non pas un ni deux mais bien trois points à l’ordre du jour traitant de calendrier repoussés sine die.

Le calendrier, cette arlésienne de la Commission des Études, dont la masse critique de discussions qu’elle génère dépasse largement celle de l’enseignement à distance, a ce talent tout comme la précitée, de générer des réactions émotives.

Donc … ouf !

ESP, élastiques et flou mou :

S’ensuit un point délicat traitant du « libellé des préalables et des conditions d’inscription à l’ESP ». Brève présentation : la direction se propose d’uniformiser les susmentionnées conditions entre les programmes, dans le but avoué de simplifier le travail des API, mais également aussi étrangement par « soucis d’équité entre étudiants de programmes différents ».

L’on comprendra donc ici qu’il n’est nullement question d’uniformiser ni le fond ni la forme des ESP (épreuve synthèse de programme) entre chaque programme, mais bel et bien de standardiser les autorisations d’accès pour toutes nos personnes étudiantes, quel que soit le programme à compléter.

Les épreuves synthèse sont par nature fortement colorées selon le programme qu’elles permettent de conclure, cela va de soi. Cela peut prendre la forme du stage en milieu de la santé, d’une prestation scénique, de la planification d’une production agricole, ou encore de la présentation d’un travail de recherche scientifique. On sait également que dans tout programme, l’ESP est rattachée à un (ou plusieurs) cours porteurs qui permettent son arrimage dans la grille de cours. L’on comprendra donc que dans tous les cas, les « conditions d’accès » viennent se superposer (et non se substituer) aux préalables du ou des cours porteurs de l’ESP. Cependant, les parcours étudiants se diversifiant de plus en plus, nous nous retrouvons plus fréquemment avec des parcours singuliers pour lesquels les cours traditionnellement complétés (mais pas préalables) avant d’accéder à l’ESP ne le sont pas forcément. Et l’on peut facilement penser en particulier (mais pas seulement) aux cours de la formation générale.

Ainsi, la proposition « one-size-fits-all » à débattre en commission va comme suit :

Pour accéder au(x) cours porteur(s) de l’ESP, l’étudiante ou l’étudiant doit avoir réussi le(s) cours préalable(s) du ou des cours porteurs de l’ESP et être en voie d’obtenir son diplôme, au plus tard, une session après la réalisation de l’ESP.

Bien entendu, l’on ne peut qu’être sensible au fait de vouloir simplifier la gestion des parcours pour les API au sein de leur plateforme informatique.

Quant à l’argument « d’équité entre étudiants de programmes différents », personnellement il me laisse pensif … devant la diversité des natures d’ESP possibles premièrement, mais également devant le fait que ce genre de standardisation en mon sens ronge le pouvoir décisionnel des comités de programmes, à mes yeux les principaux acteurs dans la conception d’une ESP et de ses conditions d’accès.

Les membres de la commission accueillent la proposition séance tenante de façon très mitigée.

Tout d’abord, par sa formulation imprécise : que signifie précisément « une session au plus tard » ? Ceci inclut ou exclut-il une session d’été ? Et si le ou les cours manquants ne s’offrent pas à la session d’après l’ESP ? Est-ce tout autant valable pour un cours de spécialité que pour un cours de la formation générale ?

Aussi que signifie précisément « être en voie d’obtenir son diplôme »? Cela signifie qu’il ne manque qu’un seul cours au parcours ? ou plusieurs ? si plusieurs, cela signifie-t-il au minimum un par discipline ? Identiquement à la discipline de spécialité et aux 4 disciplines de la formation générale ?

Donc à travers ces imprécisions les interprétations sont multiples, à tel point que les uns la trouvent trop restrictive, et les autres insuffisante :

Pour certains membres, cette formulation affaiblit le poids des cours de formation générale au sein du parcours : imaginons une personne étudiante pour laquelle il manque un cours de formation générale par discipline : le dernier cours de philo, et celui de français, et celui d’éduc et enfin celui d’anglais : cette formulation permet-elle quand même de s’inscrire au cours de l’ESP ? quel message envoit-on quant à la nécessité (ou futilité ?) des cours de formation générale dans le parcours ? Si la personne étudiante réussit son ESP sans ces cours, la verra-t-on disparaître au profit du marché du travail très attractif, rechignant à terminer son cursus ?

À contrario, pour d’autres membres, cette formulation est trop restrictive : doit-on priver une personne étudiante de son accès à l’ESP pour la raison qu’il ou elle n’a pas complété plusieurs cours de la spécialité jugés non préalables au cours porteur ? Et ainsi le dissocier de la cohorte avec laquelle il ou elle a cheminé jusqu’à présent ? N’était-ce pas un choix voulu du comité de programme de permettre l’accès à l’ESP quand bien même certains cours ne sont pas complétés, en vertu de l’arborescence des préalables qu’il a élaboré de mûre réflexion ?

Trop restrictif pour les uns, trop laxiste pour les autres … mi-figue et mi-raisin, ne contente ni la chèvre ni le chou.

La réponse de la direction est pour le moins nébuleuse : d’une part, celle-ci confirme que le « une session au plus tard » devrait se comprendre comme « une session RÉGULIÈRE au plus tard », ce qui permettrait de compter la session d’été comme session-bonus-gratuit (!!)

Ensuite, on nous souligne le caractère non rétroactif de la mesure, cet intitulé serait donc coulé dans le béton uniquement pour les prochains programmes à réviser (OUF, mais bon …). Merci grand-père.

Et pour terminer, le pompon, on nous promet (!) que des assouplissements seraient toujours possibles, « au cas par cas ». Équité élastique. Tous égaux mais certains plus que d’autres.

Dans ce magnifique « flou-mou », devant un auditoire laissé tiède et médusé, la proposition n’est pas remise en cause et passe sans même demande de vote … au mieux sous promesse officieuse de reformulation, au pire sous promesses d’arrangements au cas par cas.

Ouate de phoque …

Descriptif de programme TEE :

Ensuite le descriptif du nouveau programme de techniques d’éducation à l’enfance nous est détaillé. On souligne les efforts de l’équipe afin de permettre la diplomation selon 3 différents parcours : un parcours régulier (6 sessions), un parcours « accéléré » (sans FG) et un parcours « conciliation famille-études » (plus étalé). Pour permettre ceci, on élabore une grille de cours aux préalables étrangement peu nombreux (hors cours de formation générale). Ceci est habilement rendu possible par une collection de cours autosuffisants en quelque-sorte, chacun représentant une unité d’enseignement en soi, et l’intégration finale se fait à l’accès à l’ESP (tiens tiens).

Complément d’informations, précisions apportées à ce point-ci par Claudie Bonenfant  :

« Notons que l’adoption de la nouvelle grille de cours n’a pas fait l’unanimité au sein des départements consultés, une partie des raisons invoquées pour justifier le fait de repousser certains cours de formation générale ayant été perçues comme relevant davantage de fausses perceptions que de données probantes. Aussi, le département de philosophie a signalé qu’en plus d’être contraire à l’esprit du collégial et au rôle qu’y joue la formation générale, le report des cours de formation générale peut avoir un impact négatif sur la persévérance scolaire des étudiant-e-s qui désirent se réorienter en cours de formation. »

Descriptif de programme SLA :

On termine la séance par la présentation éloquente du descriptif de programme sciences, lettres et arts. Je reste admiratif devant ce programme, habilement monté afin d’être particulièrement attractif à toute personne étudiante assoiffée de savoir “all-dressed”, en vue d’études universitaires longues, sans pour autant s’enfermer dans une discipline particulière.

Ça m’évoque Ariane Moffatt : “je veux tout, tout de suite et ici”.