Yovan Morin
Médecin vétérinaire enseignant, dép. de Santé animale

Je suis un prof qui se fait vieux… J’enseigne au collège Lionel-Groulx depuis la toute fin du siècle dernier, shit, du millénaire dernier : 1999.

En presque 25 ans de présence en cette boîte, j’ai eu « la chance » de vivre plusieurs négociations pour le renouvellement de notre convention collective.

Inlassablement, une phrase creuse populiste refaisait surface, comme elle le fit encore une fois dans la bouche de notre premier ministre Legault il y a quelques semaines (Jean Charest, sors de ce corps!). Cette phrase est celle titrant mon texte.

Chaque fois que j’entends cette réplique, mes dents grincent et un certain désarroi s’empare de moi. Je suis moi-même un contribuable. Comme des centaines de milliers d’autres personnes qui sont des employés du gouvernement du Québec, je participe financièrement au financement de mon propre salaire via les impôts (considérables) que je paie.

Plus mon salaire est élevé, plus je collabore à ce financement. Plus je contribue à donner une capacité à l’État de me payer.

Aussi, comme c’est le cas pour tout le monde, je fais vivre mes concitoyens qui ne sont pas des employés de l’État. En consommant avec l’argent que je gagne au travail. Je retourne cet argent public qui m’a été donné en salaire pour le fruit de mes labeurs dans les poches des autres contribuables qui m’offrent différents services, qui ont des choses plus ou moins nécessaires pour mon bien-être et ma survie à me vendre ou qui me divertissent. Ce faisant, je contribue toujours un peu plus à financer mon salaire et ceux de mes collègues employés de l’État puisque des taxes gouvernementales sont appliquées à ces achats.

Bref, si je gagnais plus d’argent en bossant en tant que prof au collège, non seulement je contribuerais plus au financement de mon propre salaire et de ceux de mes collègues travaillant pour l’État, mais je dépenserais assurément plus en biens, services et divertissements, augmentant ainsi les revenus des gens qui les offrent. Du coup, leur capacité à nous payer. Tout est dans tout, non?

Le seul problème, ma « capacité de payer » en tant que contribuable est effectivement limitée, mon salaire s’étant dégradé au cours des deux dernières décennies en fonction de l’inflation, particulièrement galopante dans les derniers mois. Eh ben.