À l’heure où l’on dépose enfin les stylos rouges pour profiter de l’été, on voulait vous présenter le logo et le slogan des prochaines négociations.

Ce qu’il y a de beau

Marie-Claude Nadeau

Regard d’une prof ordinaire devenue membre de votre exécutif syndical

Par Marie-Claude Nadeau, responsable aux dossiers syndicaux

En janvier dernier, on m’avait demandé d’écrire un texte pour le De Vive Voix dans lequel je partagerais mon point de vue d’enseignante lambda sur le processus de négociations qui venait de se terminer. Je m’étais mise à la tâche avec enthousiasme, motivée par mes nouvelles fonctions au sein de l’exécutif syndical, entre mes réponses aux courriels de mes 65 étudiants et la préparation de collations pour mes deux cocos de cinq et sept ans. La fin de session arrive et j’ai eu envie de boucler cette boucle en établissant à ma manière un bilan à propos des derniers mois.

Depuis que je me suis jointe à l’exécutif syndical, de nombreuses personnes m’ont posé la même question, avec dans le regard autant de curiosité que d’appréhension : « Puis, comment tu trouves ça, d’être au syndicat? » J’y réponds presque chaque fois avec les mêmes mots : j’aime encore plus ça que je ne l’aurais cru! J’ai l’impression qu’un univers parallèle s’est ouvert et je n’en reviens pas d’avoir enseigné toutes ces années en ignorant tant de choses! Mais au-delà de la surprise et de mon enthousiasme candide qui fait bien rigoler le Président Denis, il y a bien plus que ça.

Cette session d’hiver, j’ai pu travailler avec un exécutif joyeux et dévoué, où chacun coopère en apportant sa couleur ainsi que des forces complémentaires à celles des autres. Les activités sociales qui ont rythmé la session m’ont permis d’entendre entre deux bouchées de nachos les récits d’anciens partys épiques organisés par les profs de mathématiques. Le Bal en rouge m’a émue puis fait chanter du Brel et du Brassens jusque tard dans la nuit. Et que dire du quotidien au local F-202 où l’on passe ou s’assoit entre deux corrections, deux CRT, deux rencontres, le temps d’un café dans ce qui devait être l’ambiance jadis d’un perron d’église le dimanche ? C’est une vie de quartier qui se déploie humblement et sans s’en rendre compte, entre la pinte de lait et la boîte à thé.

J’ai vu cet hiver des enseignants pleins d’idées, mais aussi des professionnels qui ont soif d’abolir les frontières entre les corps de métier pour mieux coopérer; des gens des Ressources humaines qui savent parler franc; des directeurs adjoints qui débarquent jovialement nous saluer entre deux dossiers. J’étais côte à côte avec le syndicat du personnel de soutien à faire bloc dans une symbolique forte. Au SEECLG, j’ai entendu mille appels mille rencontres de notre exécutif pour aider des membres et trouver des solutions. Je nous ai vus soutenir substantiellement l’Ukraine et les étudiants démunis de Lionel-Groulx, en plus des artistes émergents par la remise d’une bourse ou l’achat d’une œuvre étudiante. J’ai vu des membres qui sont restés dans notre AG même sans quorum, même sans électricité. J’ai vu des précaires nouvellement arrivés qui ont réalisé que le syndicalisme dont il est question au SEECLG en est un qui construit et éclaire plutôt que de braquer ou d’exacerber.

Quand je vois notre Collège avec mes yeux tout neufs, je vois une institution formée de gens qui ont parfois, oui, des points de vue divergents sur ce navire très lourd qui peine à prendre certains virages, mais qui dans l’ensemble partagent cette même volonté : faire s’épanouir le meilleur milieu possible pour tous les étudiants.

Ce n’était pas tout rose, cette session d’hiver, n’ayez crainte, je ne suis pas si naïve. Cependant, tout ce que j’ai écrit dans ce texte est vrai. À l’heure où chacun d’entre nous s’étire vers son été, il me semblait utile de mettre en lumière le beau pour qu’il résonne longtemps.

Cogitation collective : quel rôle souhaitent jouer les enseignants et enseignantes dans la cause climatique?

AG du 25 mai 2022, crédit photo : Marie-Claude Nadeau

Lors de l’assemblée générale du 25 mai dernier, Claire Dumouchel a invité Sylvain Benoît, enseignant en sciences politiques au cégep Gérald Godin, impliqué au sein du groupe Travailleuses et Travailleurs pour la Justice Climatique.  

La proposition suivante a été adoptée à la suite d’une discussion où de nombreux enseignants ont exprimé des points de vue différents et nuancés :

Considérant l’importance de la crise climatique et environnementale ;

Considérant les enjeux de justice climatique touchant les populations plus socialement ou économiquement vulnérables ;

Considérant l’immobilisme des gouvernements et leur incapacité à atteindre leurs propres cibles environnementales ;

Considérant les constats alarmants du dernier rapport du Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC), rendu public le 28 février dernier;

Considérant la tenue des élections générales québécoises le 3 octobre prochain;

Considérant l’urgence d’agir et le rôle des enseignantes et des enseignants dans l’éducation de citoyennes et de citoyens responsables;

Considérant la résolution adoptée par la FNEEQ sur la diversité des tactiques face aux enjeux de justice climatique;

Claire Dumouchel, appuyée par Louis-Maxime Joly, propose que le SEECLG : 

  1. Fasse siennes les 2 revendications de Travailleurs et Travailleuses pour la Justice Climatique (TJC), et travaille à les diffuser auprès de ses membres, dans les médias et au sein des différentes instances de la CSN :
  • Revendication no 1: Bannir les énergies fossiles d’ici 2030, autant en termes de production, de transformation, d’exportation que d’importation.
  • Revendication no 2: en taxant massivement la richesse et réinvestir massivement dans les services publics et les programmes sociaux, afin d’assurer des conditions de vie décentes pour toutes et tous.
  1. S’assure que les demandes syndicales lors des prochaines négociations du secteur public soient compatibles avec ces revendications.
  2. Crée un comité ad hoc «Profs pour la justice climatique» ayant pour mandat :
    • de proposer lors de la première assemblée syndicale de 2022-2023 des actions pouvant aller jusqu’à la grève sociale dans le cadre du mouvement de mobilisation pour la justice climatique de l’automne 2022;
    • d’organiser, avec l’appui de l’exécutif syndical, ces actions.

Ainsi, après deux ans de pandémie où la crise climatique a été éclipsée en partie, voici que les enseignantes et enseignants du SEECLG ont décidé de créer un comité prêt à passer à l’action cet automne.

Vous pouvez vous joindre au comité Profs pour la justice climatique

Écrivez simplement au seeclg@clg.qc.ca et nous communiquerons votre nom au comité avec plaisir!

Appel de textes pour le DVV de l’automne

Les discussions en assemblée générale étaient riches, mais limitées par le temps et la spontanéité du débat. On vous propose de profiter de l’été pour réfléchir en profondeur à la place que les enseignantes et enseignants devraient prendre dans la lutte climatique. Envoyez vos textes avant le 19 août 2022 à l’adresse seeclg@clg.qc.ca .

Retour sur le Bal en rouge : commémorer pour continuer

Crédit photo: Marie-Claude Nadeau

Je me souviens que le 15 mai 2012, j’étais…

Création collective grâce à un formulaire Google Forms, mise en page par Marie-Claude Nadeau

Pour s’inscrire à la commémoration du printemps érable qui s’est déroulée le 19 mai dernier, les participants étaient invités à s’exprimer à propos de leur propre souvenir. Nous avons compilé les réponses en un slam spontané de cette mémoire rouge.

Je me souviens que le 15 mai 2012, j'étais... Gatineau
J’étais étudiant à l’UQAM
J’étais en manifestation avec mes étudiant.es
En train de gérer les appels de François Vervaet
Devant le collège Lionel-Groulx et au conseil d'administration du CISSS des Laurentides
J’étais étudiante en science politique à l'UQAM et en grève 
Triste, enragée, inquiète, révoltée!

J’étais attaché politique du député de Groulx et militant contre la hausse !
Je ne parlerai pas sans mon avocat
J’étais dans la rue en tant qu'étudiante à crier des slogans comme « Charest, jambon! Tu coupes dans l'éducation! »
J’étais en recherche d'emploi
Étudiante au doctorat, militante et engagée dans la lutte!
En 2012, j'étais une étudiante mobilisée, mais essoufflée.

Moi, j’étais malheureusement au travail! J'enseignais dans un cégep privé, mais j'étais solidaire avec les étudiants manifestants!
En grève générale illimitée comme étudiante de science politique à l'UQÀM et solidaire de mon ancien collège!
Pas encore enseignante, mais déjà militante.

C'est compliqué à expliquer en une phrase...

J’étais…là.
Sur place, en prenant des photos, pour en témoigner, 10 ans plus tard 
Présente, et complètement stupéfaite et, surtout, choquée et révoltée!
Je ne sais pas si c'était le 15 mai exactement, mais j'étais à l'UQÀM, en cours du soir. Les enseignants refusaient de lever les cours, et certains étudiants de l'Association étudiante venaient en classe pour sortir tout le monde! J'étais plutôt fière de voir des jeunes défendre la scolarisation de la société québécoise, surtout que j'avais deux très jeunes enfants à la maison. J'y voyais donc un mouvement positif pour les générations à venir.
Moi, j’étais sur mon vélo stationnaire devant RDI…
J’étais indigné devant le Collège et j'allais être cosignataire d'une lettre de dénonciation publiée dans Le Devoir.

J’étais ici… à faire des « fuck you » à la SQ
... là avec mes collègues, impuissant, à regarder l'anti-émeute dégager brutalement l'entrée du collège pour faire entrer les carrés verts. J'étais là dans l'assemblée d'enseignant.es à nous émouvoir de ce qui nous arrivait et à décider de la suite des choses. J'étais là pour proposer de faire valoir notre droit de refus de la Loi de la santé et sécurité du travail, ce que certains enseignants ont invoqué. Et ce fut le début de la fin...
J’étais face à la SQ, hurlant de lever les cours…
Face à un fusil!
Dessins par Philippe Couture, professeur d’histoire

Se souvenir de ce texte…

Lors de l’édition spéciale Mémoires rouges du De Vive Voix consacrée à la commémoration du printemps érable, un oubli a été fait. Nous plaçons donc ici le texte qui aurait dû y apparaître.

Violence à Lionel-Groulx : un autre regard

Texte publié par Robert Bernier et Jean-Pierre Lepage dans Le Portevoix de juin 2012

En date du 31 mai dernier, dans les pages du journal Le Devoir, quelques-uns de nos collègues enseignants ont écrit: «  Les événements qui ont mené au déploiement des forces de la Sûreté du Québec sur le territoire du collège Lionel-Groulx le 15 mai dernier sont comparables à la fameuse expérience de Stanley Milgram. »

Ce qui frappe à la lecture de leur lettre, c’est le manque de mesure dans la comparaison. Le collage entraîne à penser que la direction du collège aurait pu aller jusqu’à laisser administrer des charges « mortelles » contre les étudiant(e)s. Le choix des mots ajoute à l’ambiance mélodramatique: répression, état de siège, choc des violences subies et, enfin, cette loi spéciale qui deviendrait une « bombe entre les mains d’un tel agent exécutif ».

Comme cette démesure dans le propos et l’analyse a été la marque de commerce de ce conflit, et comme des situations semblables de contestation de la loi par les étudiants « rouges » et leurs émules sont susceptibles de se répéter au mois d’août, il nous apparaît utile de poser un regard critique sur cette lettre de nos collègues « indignés » – c’est leur signature. Par ailleurs, parlant des traumatismes vécus par certains de nos collègues professeurs, nous pensons que les représentations hyperboliques que se font certains d’entre eux de la crise étudiante font partie du problème. Pour cette raison aussi, nous pensons qu’une reconsidération sereine et sans inflation des événements récents pourrait être propice à une guérison de ces « traumatismes » rapportés.

Nous disons que la démesure a été la marque de commerce de ce conflit, et nous en discuterons quelques-unes de multiples illustrations.

Pour lire la suite de ce texte:

Le Bal en rouge du 19 mai 2022 en photos

Crédit photo: Luc Jardon (en majorité), Denis Paquin et Marie-Claude Nadeau

La vie syndicale en images

Crédit photo: Judith Trudeau, Denis Paquin et Marie-Claude Nadeau

Judith nous quitte!

On ne pouvait pas clore ce De Vive Voix sans un clin d’oeil à notre Judith qui nous quitte pour trois ans. À toi qui a insufflé ta couleur, ta folie, ton audace et ton expérience au syndicat (et au DVV!) pendant de belles années, on te dit MERCI! Ton élan va nous manquer, mais comme le disais Claudette Carbonneau, première présidente de la CSN: « La vie, c’est une course à relais! » Alors on reprend fièrement ton flambeau et on gardera une antenne à l’écoute de tes prochains projets endiablés!

Crédit photo: Luc Jardon et Marie-Claude Nadeau

À venir :

6 juin : Début des cours d’été

13 juin : Assemblée générale annuelle (AGA) et Hommage aux retraité.es.

13 juin, 16 h : Date limite pour remettre les notes dans Colnet

24 juin : férié pour les enseignants qui offrent des cours d’été

1er juillet : férié pour les enseignants qui offrent des cours d’été

24 juillet : Fin des cours d’été

19 août: Date limite pour faire parvenir vos textes pour la prochaine édition du De Vive Voix.

22 août : Début des cours

24 août : Assemblée générale de la rentrée d’automne

On vous souhaite un bel été, collègues!