
Crédit photo : Luc Jardon
10 ans…
Par Judith Trudeau, responsable aux dossiers syndicaux

10 ans, voilà la belle affaire! Ce De vive voix spécial «mémoire rouge» se veut pluriel. Il n’y avait pas de commande politique lorsque j’ai fait appel à des collaborateurs, des collaboratrices, des acteurs et actrices, des anciens et anciennes étudiantes. Que reste t-il de nos amours de militance? Que reste t’il de ce printemps où j’ai quitté (temporairement) la social-démocratie pour penser réellement que le socialisme pourrait se déployer au Québec?
Le printemps érable à Lionel a pris une tournure différente avec l’altercation policière du 15 mai 2012. Un ami me disait: «Judith, c’est quand même pas le Chili, faudra bien en revenir un moment donné!» Il a bien raison sur le fait que ce n’est pas la violence étatique d’un État traversé par une histoire de cassure entre les anciens pinochetistes et les descendants idéologiques d’Allende. Mais comment lui dire que ce sentiment de trahison de la direction d’alors, me trouble encore. Comment lui expliquer que j’ai encore ce sentiment que la polarisation, même au Québec, pourrait, si on grattait un peu le vernis de la civilisation, mener à cette haine qui peut détruire? Comme la fin de l’angélisme, le glas de la naïveté. La réalité que j’enseigne (les sciences politiques) ne s’arrête donc pas aux frontières de mon collège. Hélas. Comme d’un principe de réalité où l’État possède bel et bien «le monopole de la violence légitime» comme le dirait Max Weber. Un rappel à l’ordre. Une injection de pragmatisme où Hobbes et Machiavel tassent instantanément Kant et Rousseau.
Et puis la polarisation d’aujourd’hui a peut-être d’autres enjeux : la vaccination, le libre-choix, l’Ukraine. Et puis, il y a le miroir grossissant des États-Unis d’Amérique et cette droite populiste qui n’a pas dit son dernier mot. Et l’autocongratulation bullaire des idéologues à l’intérieur des algorithmes facebookiens, instangrammiens, twiteristes qui nous éloigne de la discussion franche de la démocratie. Et si le printemps rouge était annonciateur d’un ébranlement de la démocratie libérale? D’une radicalisation sourde?
Je vous propose ces textes et ces photos qui témoignent de ce moment bien particulier dans notre vie collective. L’ordre de présentation est celui de l’arrivée dans ma boîte courriels.
Je vous souhaite le même plaisir à lire ces fragments d’histoire et à revisiter les lieux que j’ai eu du plaisir à «monter» ce spécial printemps érable.
Bonne lecture!

2012 en 6 photos
Par Pierre Robert, professeur en Histoire de l’art

Carré neutre
Par Yoan Hébert-Patenaude, professeur de philosophie

Il y a 10 ans, j’étudiais à l’UQAM. Je n’étais pas un carré rouge. Je n’étais pas un carré vert. Bref, je n’étais pas militant. Il y a 10 ans, j’étudiais et cela me suffisait. Les questions politiques en buvant du Beaujolais, cela m’est venu après. Enseveli de métaphysique hégélienne, la hausse potentielle de mon prêt étudiant n’était pas mon premier souci. Enfin, cela ne m’a pas empêché de soutenir mes amis une journée en portant le carré rouge alors que je travaillais chez le Bell bleu.
Aujourd’hui, je ne porterais pas ce carré rouge. Mieux financer les universités en faisant payer ceux qui peuvent et en finançant davantage – par le biais du programme de prêts et bourses – ceux qui ne le peuvent pas, cela ne me semble pas être une si mauvaise idée de gauche. Aussi, je suis d’avis que la gratuité ne rime pas simplement avec meilleure accessibilité, car des concours sont généralement rattachés à l’admission dans les universités gratuites, et ce pour plusieurs raisons comme le manque de place ou le combat contre le décrochage scolaire. Pensons à la Suède, où un système de classement rigoureux est exigé à l’admission afin de combattre le décrochage en amont. N’est-ce pas élitiste? En France, nombre de programmes sont contingentés par manque de ressources. D’ailleurs, Macron a annoncé la fin de la gratuité scolaire à l’université du fait d’un resserrement des finances publiques. Enfin, suis-je le seul à penser que de faire payer une majorité de travailleurs qui ne sont pas allés à l’université – et qui ont des boulots tout aussi essentiels – au bénéfice d’une minorité qui aurait choisi de poursuivre ses études est une mesure inégalitaire?
Aujourd’hui, je ne porterai pas le carré vert. La gratuité scolaire, de la maternelle au doctorat, semble être un choix de société qui se défend. Bien qu’il y ait de plus en plus d’étudiants qui fassent le choix d’aller à l’université, des études montrent que la gratuité scolaire accroit davantage ces chiffres. Difficile de critiquer l’idée d’une société mieux éduquée. Je ne porterai pas le carré vert, car je n’adhère pas à l’opinion de Gregory Charles. Dans un article paru récemment sur le site de La Presse, notre multi instrumentiste préféré dit, à demi-mot, espérer un système d’éducation payant dès le primaire, estimant que cela permettrait d’accorder une plus grande valeur à l’éducation tout en valorisant la profession. Difficile d’être autant à contrecourant.
Comprenez qu’au plus fort de cette marée polarisante, je m’abstiens.
J’aurais pu vous raconter mes heureuses nuits d’insomnies à entendre les manifestants taper sur des chaudrons. Me répétant à moi-même que j’étais témoin d’un évènement historique, c’était ma façon printemps érable de compter les moutons. J’aurais pu rappeler le retour en classe en mode quasi-séminaire pour boucler la session à la course ou encore l’allocution de Charest au Palais des congrès qui m’avait fait rager. Entendez-vous Melanchon, défenseur de la gratuité scolaire, annoncer (encore), après les législatives en France, que le quatrième tour de la présidentielle se tiendra dans la rue? Vous ne me verrez pas au côté des militants. Ni en France, ni au Québec. Sans carré rouge. Sans carré vert. Je serai sûrement occupé à siroter un « Merlot-Ponty » en contemplant la beauté tragique de notre monde, dans le nord…Autant que possible.
Ce que je me souviens…

Par Calypso Trudeau-Roy, aspirante notaire

En 2012, j’avais 15 ans. J’étais en secondaire 4. Je me souviens d’être à peu près la seule étudiante à porter un carré rouge à ma polyvalente. D’être dans une marée de carrés verts ou tout simplement d’élèves apolitiques qui ne se sentaient pas concernés par la hausse des frais de scolarité. Pourtant, c’est notre éducation, notre futur, nos ambitions et celles des autres que
l’on défend, non? Pourtant, c’est dans une société égalitaire que l’on veut habiter, une société ou l’éducation, la base de bien des choses, devrait être accessible à tous. Non? Je me souviens de mes parents, profs de cégep, franchement traumatisés de voir leurs étudiants gazés pour avoir fait du piquetage pacifique. Je me souviens de la grande marche du 22 mars où on était convaincu d’avoir eu un impact, de l’ambiance festive, optimiste et aussi un peu enragée des étudiants qui doivent se battre pour apprendre.
Parce que dix ans plus tard, après neuf années d’études supérieures, je constate que le printemps n’a pas porté les fruits que l’on espérait en 2012. Mais je me souviens de l’effort
collectif, des manifestations nombreuses, du panda et du bruit des casseroles.
La photo du ninja!
Dans les corridors, alors que j’allais à la pêche aux témoignages, on insistait…Tu te souviens de la photo du ninja? Ah oui! La revoici, pour se rappeler, Lionel un 15 mai.

Se souvenir de ce texte…

Libre opinion – Violence à Lionel-Groulx : voici notre version
31 mai 2012
LIBRE OPINION
En effet, l’expérience menée par Milgram au début des années soixante a démontré qu’un sujet isolé, soumis à une figure d’autorité se situant dans la même pièce, arrivait à administrer des charges électriques mortelles à une troisième personne se trouvant dans une pièce contiguë. Le sujet isolé renonce ainsi à son autonomie, à son sens moral, et ne devient qu’un agent exécutif de l’autorité.
C’est ce rôle d’agent exécutif manipulé par l’autorité qu’a revendiqué la direction du collège en le martelant à son propre personnel, à ses étudiants et aux médias. « J’ai exécuté cette injonction contre ma volonté personnelle, il faut le dire. Je le faisais parce que je ne voulais pas placer mon collège en situation d’outrage au tribunal », a plaidé Monique Laurin, la directrice générale de Lionel-Groulx, dans La Presse le 16 mai.
Or, la direction du collège n’évolue pas en vase clos sous la tutelle de Jean Charest, du juge en chef François Rolland, qui a émis l’injonction, ou de l’avocat Claude Carignan, défendeur des demandeurs. Avant le 15 mai de Lionel-Groulx, des événements similaires, parfois plus violents et troublants, avaient eu lieu dans les campus de l’Université du Québec en Outaouais, de l’Université de Montréal, et surtout la veille au cégep de Rosemont. La présence incongrue des forces policières ou d’agents de sécurité zélés dans les campus avait mené à des scènes de répression ou de confrontation surréalistes. La direction de Lionel-Groulx a choisi d’ignorer ces précédents événements et de procéder à sa propre expérience, clamant pompeusement après coup qu’elle « venait de faire la preuve, devant tout le Québec, que l’injonction n’est pas une bonne façon pour assurer le retour en classe ».
Le 2 mai, soit une semaine avant l’audience de l’injonction, la direction semblait totalement autonome quand elle a diffusé un communiqué qui faisait état d’une entente prise entre elle, l’association étudiante et le personnel du collège. Cette entente stipulait que « les récents événements démontrent que les injonctions déposées à l’endroit des universités et des cégeps du Québec ne représentent pas une solution efficace au conflit [et qu’un] retour en classe dans un climat sain passe par le respect de la démocratie étudiante ».
Cependant, lors de l’audience de l’injonction le 8 mai, la direction du collège n’a fait aucun plaidoyer dans le sens de cette entente et a même affirmé d’emblée qu’elle « consent [ait] à l’émission d’une injonction interlocutoire provisoire » ; le juge Rolland n’avait pas encore rendu son verdict. La direction se plaçait donc à l’avance en simple agent exécutif. Cela est d’autant plus stupéfiant que d’autres directions de cégep, dont celle de l’Outaouais, avaient choisi de plaider vigoureusement contre l’émission de telles injonctions, honorant leur parole donnée.
La direction du collège Lionel-Groulx a aussi respecté au-delà de la lettre l’ordonnance de l’injonction qui lui demandait de « prendre tous les moyens appropriés, nécessaires et raisonnables y compris le recours aux forces policières » pour assurer la reprise des cours. Elle a notamment embauché, à partir du 11 mai, la section B.E.S.T de la compagnie de sécurité Garda, section qui avait déjà fait les manchettes pour l’intimidation physique et verbale dont elle avait fait preuve à l’Université de Montréal en avril dernier. Les employés de B.E.S.T. sont habilités entre autres à porter des matraques et à s’en servir : leur seule présence mettait le collège en état de siège réel.
Négligeant toujours les multiples démonstrations précédentes d’autres directions ayant réussi à préserver leur communauté de retombées néfastes pour tous, la direction du collège a porté plainte au criminel le 14 mai contre les étudiants qui voulaient faire respecter le mandat de grève voté démocratiquement, a ensuite affirmé aux professeurs présents que les cours n’étaient pas levés, « mais qu’ils pouvaient suivre la suite des événements [les arrestations des étudiants] à la télévision », a refusé de reconnaître qu’elle avait le pouvoir de retirer sa plainte en répétant que la situation était entre les mains de la police.
Le 15 mai, la direction a poursuivi sa logique de simple agent exécutif en faisant venir à nouveau le Service de police de Sainte-Thérèse, doublé cette fois de la SQ pour procéder aux arrestations nécessaires et pour dégager l’entrée du cégep grâce à une charge et à des grenades lacrymogènes. Après cet épisode traumatisant et malgré la tension accumulée dans les jours précédents, elle a refusé de lever les cours et a exigé que chaque professeur sous injonction se présente en classe à tout le moins pour « rétablir le contact » avec les demandeurs.
Les professeurs, le personnel, les étudiants, les parents présents ont subi pendant des jours l’interprétation légaliste qu’a faite la direction du texte de l’injonction. La direction avait aussi le « pouvoir de prendre les mesures requises afin d’assurer la protection du personnel, des étudiants », mais cette clause de l’injonction a été négligée, comme tous les précédents du 15 mai.
L’expérience de Lionel-Groulx a été fréquemment citée pour justifier l’adoption de la loi 78. Alors que la communauté du cégep est encore sous le choc des violences qu’elle a subies, de l’intransigeance aveugle de sa direction, elle doit se préparer à pire : la loi spéciale est une bombe entre les mains d’un tel agent exécutif.
***
Ont signé ce texte : Murielle Chapuis, Yovan Morin, Stéphan Gibeault, Nathalie Larouche, Vincent Duhaime, Pierre-Paul Proulx, Daniel Desroches, Jean Thibault, Éric Montpetit, Sébastien St-Onge, Judith Trudeau, membres du groupe des Professeurs indignés du collège Lionel-Groulx.

15 mai 2012


Par David De La Roche, professeur de littérature
Un matin de printemps craquant comme pomme d’automne, des lignes claires. Des playmobils verts alignés, rectitude et droiture, boucliers de plastique et matraques métalliques tenus serrés. Flottement et silence.
Autre ligne, beaucoup de blanc, beaucoup de rouge. Des professeurs bout à bout, file serpentant devant la tranchée verte, naïveté et espoir. Beaucoup de blanc, beaucoup de rouge. Attente latente de ce qui est à venir. L’œil du cyclone. Le vent souffle fort depuis plusieurs semaines. Un vague arrière-goût d’inéluctable au fond de la gorge, serrée.
« Les serments les plus fragiles sont les plus beaux », tenir devant ce qui ne fait pas de sens. Prendre le coup, prendre les coups pour ce qui compte, en escomptant que la suite sera plus paisible. Les lignes se désarticulent brièvement et se reforment. Contraction et constriction, toujours plus près l’une de l’autre.
En arrière-plan une petite masse compacte, la méduse médusée sur son radeau, devant les portes du Collège. Des élèves, nos élèves. Leur pied carré, leurs carrés rouges. Tenir devant ce qui ne fait pas de sens, ne pas céder devant la perte, devant l’appel irrationnel d’une vision cadenassée du futur. Petite masse qui s’indigne, parce que certaines choses sont plus grandes que nous, parce qu’on ne peut pas toujours se résoudre au confort.
Écran de fumée, bruits assourdissants. Appel directif de notre direction qui n’en donne plus : il faut déloger l’occupation poétique du territoire.
Tenir le plus longtemps possible, limiter les coûts, les coups fourrés de ceux qui ne savent pas diriger. Une lettre ouverte de bras tendus, barrage au matraquage primaire.
Nous ne sommes pas des soldats, gaz lacrymogènes inutiles qui flottent dans l’air, Niagara insensé.
Pelouse et asphalte jonchés de débris, aucune ligne qui tienne. Un silence qui s’étire, étrangers serrés qui se tiennent sans rien dire. Absurdité étouffante. S’agripper pour rester vertical, pour ne pas s’écrouler. S’encadrer de bras humains pour éviter ce qui éviscère ce que c’est que professer.
Un souffle, une respiration. Essuyer les larmes qui montent. Un souffle, une respiration.
Demain c’est à recommencer, demain c’est encore le 15 mai.

2012… « la belle vie »!


Par Jessie Poulette, professeure de science politique
Étudiante à l’UQÀM en science po (!), nous avions obtenu notre mandat de grève générale illimitée aux premières heures de ce qui deviendra par la force de la mobilisation le printemps érable et avons probablement été parmi les derniers à réintégrer les classes à l’automne qui a suivi. Quelle aventure! À ce moment, je faisais partie du personnel de l’Assemblée nationale et militais dans « un grand parti » – c’était ça, faire de la politique, ça se passait au parlement et en dehors de cela, point de salut. Heureuse de m’être royalement trompée. Si ce qui précède a été sans doute le plus grand apprentissage, c’est loin d’être le seul.
2012…j’ai appris. J’ai appris que tous ceux et celles qui définissent les relations sociales à coup de « votre génération ci, votre génération ça » s’étaient tout autant trompés sur « la jeunesse individualiste dépolitisée » que nous étions, semble-t-il. J’ai appris que la politique s’éclatait en dehors des murs parlementaires, qu’elle se mobilisait autrement, qu’elle cassait les codes, qu’elle rêvait, qu’elle se voulait solidaire, que c’était donc possible, autrement que dans un livre d’histoire.
Possible de mobiliser par centaine de milliers, possible d’ébranler un gouvernement à grands coups de casseroles, possible de générer de l’espoir et de la porter encore en soi une décennie plus tard. J’ai appris à m’imprégner des plus merveilleux idéaux et à humblement les défendre, mais aussi fait les plus détestables constats. On peut penser notamment aux « pauvres » vitrines éclatées qui généraient (presque) plus d’empathie que le sort réservé à des centaines de manifestant.e.s tabassé.e.s, oups pardon, ayant fait l’objet « d’arrestations musclées ». J’ai aussi appris qu’une jeunesse peut tellement déranger le confort et l’indifférence collectives qu’on en vient à transformer le parlement en outil liberticide pour mater les mouvements de contestation, lire ici le projet de loi 78 qui avait été adopté dès la 14e semaine de grève sous nos yeux ébahis et embués de larmes, ne voulant pas y croire. Un crash course sur le fait que nos belles valeurs que l’on estimait presque universelles pouvaient se heurter au mur infranchissable de la mauvaise foi généralisée d’une majorité de commentateurs politiques, que l’on pouvait se faire enfermer dans des argumentations fallacieuses, qu’une institution scolaire pouvait même en appeler aux forces de l’ordre pour briser les reins de professeur.e.s et d’étudiant.e.s qui luttaient pour un monde meilleur…
2012, tu auras ébranlé mes si jeunes convictions, fait soigner mes poignets endoloris des passages de tie-wraps, tu m’auras désabusée d’une partie de la classe politique, mis sur ma route de formidables allié.e.s, tu auras usé mes souliers, mais surtout, tu m’as appris à vouloir plus, à exiger. À ne pas nous contenter.
2012, tu seras ma formidable compagne tout au long de ma carrière de professeure qui n’en est qu’à ses balbutiements, mon remède tout désigné au cynisme qui nous guette inlassablement au fil des années qui passent. Tu seras ma volonté et mon énergie à transmettre à « notre » jeunesse le fait que…c’est possible. Que la lutte continue, une lutte multiforme qui ne cessera que lorsque la génération au pouvoir conditionnera l’essentiel de ses actions à la bienveillance envers celle à venir.
Cellulaire et verre de sangria à la main sur une terrasse, 2012, je te salue!
D’un printemps à l’autre

Par Nathalie Larouche, professeure de littérature (au collège Lionel-Groulx à l’époque et maintenant à Sorel-Tracy)
Printemps 2012

Ce printemps s’est gorgé de la sève des grandes passions, des enjeux à hauteur de révolution sociale. Ce printemps a allumé la parole d’une jeunesse assoiffée d’écoute, de réelle écoute; d’une jeunesse déterminée à défier la hausse des frais de scolarité, l’arrogance qui la tient pour pion sur l’échiquier, la marchandisation de la pensée et de l’éducation; d’une jeunesse flamboyante déferlant son désir d’une société plus juste, humaine et solidaire hors des sentiers du capital…
15 mai 2012
Ce printemps étincelant s’est heurté à une matraque plutôt lourde le 15 mai 2012. Lourde de sens pour une démocratie chancelante, pour une société qui se dit à l’écoute de sa jeunesse, pour une éducation qui se veut libre, non discriminatrice, ouverte sur l’autre et sur le monde, pour un établissement d’enseignement qui valorise la pensée, l’échange, la discussion, la liberté d’expression, pour un corps professoral qui réinvente chaque jour la façon de mettre au cœur de son enseignement la bienveillance, l’ouverture et l’humanisme…
Printemps 2022
Mais, telles les aigrettes des pissenlits, ce printemps 2012 a semé un désir de vivre autrement la société, a semé un germe de gratuité scolaire, d’abandon de la marchandisation, de luttes à mener pour la justice, pour la refonte du système, pour l’environnement… Ce printemps a essaimé… D’autres bastions se lèvent, pavent différemment la voie, poursuivent avec détermination ce en quoi ils croient pour une société plus juste… Ce printemps a semé l’espoir.
Pour accomplir le rêve de 2012
Par Éric Martin, professeur de philosophie au Cégep St-Jean-sur Richelieu

L’auteur a été actif dans les grèves de 2005 et 2012 au sein de comités responsables des communications
La grève de 2012 était une réaction d’immunologie citoyenne contre l’arraisonnement des institutions d’enseignement par la logique du capitalisme technoscientfique globalisé, lequel conduit à ce que Michel Freitag appelait le naufrage de l’université, c’est-à-dire son enrôlement aux fins de la maximisation de la production de la valeur et de l’innovation technologique qui la nourrit. Cette transformation conduit les anciennes institutions à devenir des « organisations », dont le fonctionnement interne et les finalités sont de plus en plus calquées sur les entreprises auxquelles elles s’assujettissent.
Le mouvement social de grande ampleur qui a su marquer les imaginaires a été rendu possible par l’existence de l’Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSÉ), héritière des traditions de l’anarcho-syndicalisme et du syndicalisme de combat. Le mouvement est parvenu à freiner la hausse libérale et à faire tomber le gouvernement de Jean Charest. Il a également permis à plusieurs de se reconnaître comme porteurs et porteuses du désir d’un autre monde.
Pour lire la suite de cet article :

19 mai 2022, Bal en rouge et vin et fromages
5 à 7
Inscrivez vous!

Présent rouge
(Fin du spécial et retour au présent, mai 2022)
Des coquelicots … ou des EBP ?
Par Nicolas Géraudie, professeur en Technologie de Génie électrique

J’ai eu le grand plaisir d’assister le 14 avril dernier, dans le cadre de la journée pédagogique, au dévoilement du PACRE (“Plan d’Action Concerté pour la Réussite Éducative”).
Je dois avouer en toute sincérité que la Direction avait “mis le paquet” : tout d’abord, alors qu’on s’attendait à une présentation d’un document administratif, celui-ci nous était plutôt présenté par toute une série de vidéos jouées par des étudiant.e.s, dynamiques et plaisantes, pour volontairement briser l’image “administrative” d’un énième plan. Ensuite, chacun de nous pouvait bénéficier d’un “merch” offert, qui accompagnait une superbe brochure sur papier de luxe assorti de magnifiques coquelicots en aquarelle.

Au-delà de cet “enfirouapage” très réussi, je dois bien avouer que je me retrouve dans les belles valeurs véhiculées, le vocabulaire employé, les intentions nobles.
Sur le plan “forme”, je mets 100%. Je ne peux que m’inquiéter sur le “fonds”.
Sur le terrain, comment vont se traduire toutes ces belles intentions ? Comment pourrais-je ne pas interpréter tous ces fonds dépensés dans cet “emballage” comme écran de fumée, alors que mon département s’est fait couper les fonds nécessaires au maintien des heures “EBP”, justement destinées à soutenir les étudiants à Besoins Particuliers afin d’améliorer leur réussite éducative ?
Tribulations au comité des relations de travail (CRT)
Par Joan Sébastien Morales, secrétaire du SEECLG

Bon nombre de CRT ont eu lieu en avril pour discuter du projet de répartition et de l’injection de ressources prévues par la nouvelle convention collective. Il est important de comprendre (le prof en moi n’est jamais loin!) que premièrement, le rapport de force au CRT est inégal. « Lorsque les parties n’arrivent pas à une entente sur un sujet inscrit à l’ordre du jour, le Collège procède » (article 4-3.07 de notre convention collective). Cela dit, je me force à croire que les parties sont de bonne foi et que le CRT est tout de même un lieu privilégié de négociation. Deuxièmement, je pense aussi que les décisions prises en CRT devraient être rationnelles et se baser sur des règles objectives. D’ailleurs, un énorme travail a été fait en ce sens par les membres du CRT des années antérieures pour codifier les règles de répartition des ressources. Exit les décisions arbitraires en faveur de ceux ou celles qui parlent le plus fort! Merci! Un rôle majeur de vos représentants au CRT et de s’assurer que ces règles sont respectées et qu’elles sont encore à ce jour justes et pertinentes
Pour poursuivre la lecture de ce texte :
AUGMENTATION DU NOMBRE D’ÉTUDIANTES
ET D’ÉTUDIANTS EN SITUATION DE HANDICAP,
DIVERSIFICATION DES PROFILS ÉTUDIANTS
ET IMPACTS SUR LA TÂCHE ENSEIGNANTE
FNEEQ-CSN | COMITÉ ÉCOLE ET SOCIÉTÉ
Document présenté au conseil fédéral (4, 5, 6 mai 2022)
C’est une vérité de La Palice : depuis une vingtaine d’années, tant au primaire-secondaire qu’à
l’enseignement supérieur, le nombre d’élèves handicapé-es ou en difficulté d’adaptation ou
d’apprentissage (EHDAA) ou d’étudiantes et étudiants en situation de handicap (EESH) a crû de manière
vertigineuse, faisant ainsi augmenter la tâche enseignante. Parmi les causes de cette croissance figure la
volonté du gouvernement tout d’abord d’intégrer puis d’inclure les élèves en difficulté dans les classes
« normales » sans toutefois ajouter suffisamment de ressources ou adapter convenablement le système
scolaire. Si l’État pensait faire l’économie d’une réforme scolaire en mettant sur les épaules des
enseignantes et enseignants l’essentiel des adaptations nécessaires à une école inclusive, le pari n’est pas
réussi : les enseignantes et les enseignants sont épuisés et l’expriment de plus en plus; l’enseignement
n’attire plus assez de candidat-es, et 25 % de celles et ceux qui entrent dans la profession la désertent avant
leurs cinq premières années de carrière (Dion-Viens, 2015).
Pour poursuivre la lecture de ce document :
Info assurance no 33 (mai 2022)
Pour accéder à l’info-assurance :
À venir :
17 mai : Journée internationale contre l’homophobie et la transphobie
18 mai : Épreuve uniforme de langue d’enseignement (cours suspendus)
19 mai et 20 mai : Marché horticole
19 mai : Bal en rouge (5 à 7)
20 mai : Cours selon l’horaire du mercredi
25 mai : Assemblée générale
26-27 mai : Regroupement Cégep à Montréal
30 mai : Fin des cours.
30 mai : CCSPP (Comité de coordination du secteur public et parapublic), Québec
31 mai, 1,2, 3 et 6 juin : Journées d’évaluation
31 mai : Regroupement extra (Québec)
2 juin : Commission des études
13 juin : Assemblée générale annuelle (AGA) et Hommage aux retraité.es.
13 juin : Remise des notes dans colnet (16h)